Au moment où la France est condamnée pour ne pas avoir assez agi pour réduire les pollutions atmosphériques, il est satisfaisant de voir qu’au moins au niveau de la Métropole du Grand Paris, on cherche à avancer sur cette question vitale et nous nous réjouissons que la ville de Nanterre consulte la population avant de lancer vraiment les mesures envisagées.
Mais, comme pour les lois destinées en principe à réduire les émissions de gaz à effet de serre (Ecotaxe, taxe carbone), les décisions de la Métropole du Grand Paris approuvées par le Maire de Nanterre affichent de bonnes intentions mais ne prennent pas vraiment des mesures susceptibles d’aboutir à des progrès notables et n’entraînant pas des dégâts collatéraux.
La brochure d’Airparif reconnaît que le scénario A a surtout pour but de faire évoluer les comportements, ce qui est très important, mais n’aura pas d’incidence significative sur la pollution atmosphérique. Et on devine que les scénarios B et C , qui seraient beaucoup plus efficaces mais que l’on ne nous présente pas, sont plus ou moins ce qui est prévu pour les années 2021 et suivantes…
Quelques remarques préalables: Les tableaux sur la part des pollutions atmosphériques due à la circulation des véhicules routiers révèlent des informations intéressantes: – Elle est très faible (moins de 10%) dans les villes qui ont une usine d’incinération des ordures ménagères relativement ancienne, ce qui signifie que l’amélioration des performances de cette usine ou son éloignement de la métropole, à elle seule améliorerait substantiellement la qualité de l’air dans cette ville et celles d’à côté, bien plus que l’exclusion des véhicules les plus polluants. – Il doit en être de même pour certaines des usines qui existent encore dans la Métropole et dans les Hauts-de-Seine en particulier. Il ne s’agit pas de les rejeter systématiquement, mais de les pousser à changer certains process, certains dispositifs de filtrage des rejets pour qu’ils polluent beaucoup moins. – Le chauffage reste un des émetteurs de polluants atmosphériques parmi les plus importants. Quelles mesures sont prises pour réduire fortement et rapidement les pollutions liées à l’usage du chauffage au bois, au charbon et au fioul ?
Il n’est pas question pour nous de sanctuariser l’usage de la voiture individuelle ou du poids lourds comme le voudraient les lobbies de l’industrie automobile ou du pétrole ou comme de vulgaires « beaufs » défenseurs bornés de la bagnole. Nous militons depuis notre création il y a une trentaine d’années contre les méfaits des autoroutes, pour le développement des transports en commun et pour le maintien (hélas très compromis) du fret ferroviaire dans notre secteur. Seuls ceux qui ne nous connaissent pas peuvent nous suspecter d’avoir de telles motivations.
Mais une chose est de préconiser une transition écologique rapide, entraînant notamment un transfert modal conséquent ; une autre chose est de mettre en grande difficulté les utilisateurs de véhicules à moteur thermique qui n’ont pas de solution alternative pour leurs déplacements, que ce soit faute de moyens financiers pour changer leur équipement ou faute de transports en commun appropriés à leurs besoins. Avant de prendre des mesures à l’efficacité minime, il convient en effet de voir ce qui se passera lorsque les disposition de la ZFE deviendront contraignantes.
Il faut déjà distinguer parmi les utilisateurs de véhicules anciens et donc généralement polluants: – Il y a ceux, qui sont consciemment ou non, des écologistes et qui ne remplacent leurs outils que lorsque ceux-ci ne peuvent plus être réparés. Ils ne sont pas victimes de la mode, à l’affût du dernier modèle, qu’ils se servent ou non des fonctionnalités nouvelles qu’on leur fait miroiter. Ce n’est pas eux qui abusent de leur voiture pour frimer: ils utilisent chaque fois qu’ils le peuvent les transports en commun le vélo ou la marche à pied. Les forcer à acheter un véhicule plus récent, s’ils le peuvent, n’améliorera pas considérablement l’état de l’atmosphère. – Et il y a ceux qui, notamment pour aller à leur travail ou exercer leur métier, sont obligés d’utiliser un véhicule et qui, faute de moyens, gardent le plus longtemps possible leur voiture ou leur fourgon. Certains aimeraient bien avoir un véhicule plus récent, mais la dure réalité les met dans le même sac que ceux qui ne salivent pas en regardant les pages de pub en couleur.
On ne peut pas montrer du doigt ces 2 catégories d’automobilistes comme des ennemis de l’air pur. D’autant plus que s’ils ne sont que quelques centaines à Nanterre dans les 2 ans qui viennent, ils seront ensuite des milliers quand l’infraction deviendra sanctionnable au portefeuille. Et nous aurons alors tous de tels réprouvés dans notre entourage.
Dans les piliers du développement durable, il y a certes l’économie, c’est actuellement les maîtres de celle-ci qui, directement ou indirectement, légifèrent à presque tous les niveaux, mais il y a aussi l’environnement, et c’est en son nom que l’on prend quantité de mesures qui ne le servent qu’accessoirement, et il y a le social et la démocratie, et là, on ne rencontre que les abonnés absents.
Dans les 2 ans qui viennent, il convient donc, à Nanterre, à l’échelle de nos moyens, de tout faire pour que – ne soient pas oubliées les autres sources de pollution atmosphérique : industrie, chauffage, et même transports en commun (voir l’article de la Gazette de la Défense du 3 juillet sur les pollutions aux particules fines s’évacuant par les grilles d’aération du RER près de Nanterre Préfecture). – soient prises toutes les mesures dépendant de la Mairie ou d’instances sur lesquelles elle peut faire pression pour améliorer fortement et rapidement les transports en commun dans la ville et aux alentours. – inventer des formules d’aides aux habitants qui vont être obligés de s’adapter à la nouvelle réglementation : encouragement au covoiturage pour se rendre au travail comme pour aller au marché (stationnement gratuit pour les conducteurs qui prennent des voisins comme passagers), minibus sur demande pour aller à tel centre commercial, à l’Hôpital, à Médipôle, à la Mairie, à Pôle Emploi…)
Il faut éviter les effets pervers prévisibles de la mesure : tel chômeur ou tel retraité qui actuellement va faire ses courses à Nanterre aux heures creuses va être tenté de les faire après 20 h ou le samedi à la Défense ou à Montesson. Les conséquences pour l’atmosphère ou pour l’effet de serre risquent d’être négatives, sans parler de l’affluence dans les grandes surfaces.
En matière de transports en commun, l’expérience de Naturellement Nanterre mériterait d’être mieux prise en considération par la Mairie. Pendant 12 ans, nous avons demandé la création d’une commission extra-municipale des Transports. Cela nous a toujours été refusé. Mme Marie-Laure Meyer, alors adjointe à la vie économique, a consenti à faire venir des experts notamment de la RATP pour nous faire 2 conférences après lesquelles on nous a autorisés à poser quelques brèves questions, comme si nous étions des ignorants tout juste bons à être un peu déniaisés. Nos proposions, présentées sur plusieurs pages, sans intérêt ! (Y compris notre demande d’une ligne RATP Nanterre-Rueil-Suresnes, à l’ouest du Mont-Valérien. Elle a été finalement créée, N° 563, aux frais des 3 communes de l’agglo…)
Quand, enfin, la commission Aménagement, dont nous faisions partie jusqu’en 2014, a élargi son domaine aux Transports, nous en avons été évincés : il fallait faire place à d’autres et ne pas être trop nombreux !
Quand, à l’occasion des budgets participatifs 2018, nous en avons été évincés : il fallait faire place à d’autres et ne pas être trop nombreux !
Quand, à l’occasion des budgets participatifs 2018, nous avons présenté nos propositions « toute ville », elles ont été rejetées : on n’acceptait alors que les propositions par quartier. Et nos propositions par quartier, elles aussi, ont été rejetées, parce que les transports ne dépendent pas de la Mairie, même les abribus (où la RATP n’a pas son mot à dire) et même les 2 minibus qui subsistaient (dont le fonctionnement est payé en grande partie par la ville)…
Et on pourrait parler aussi du métro du Grand Paris dont nous soutenions l’idée et que la Mairie n’a pas réclamé comme l’ont fait les communes du Val de Marne, si bien que leur branche de la ligne 15 sera opérationnelle bien avant la nôtre.
Il est encore temps de prendre au sérieux nos suggestions, – que ce soit sur l’amélioration des abribus, trop souvent sous-dimensionnés – que ce soit sur les hauteurs de trottoir à certains arrêts de bus (par exemple le 157, direction Bd de la Seine à Nanterre-Ville ou le 157 et le 160 à Sadi-Carnot-Joliot-Curie) – que ce soit sur la re-création d’une ligne à la place de la 560 supprimée il y a tout juste un an (après une lamentable consultation des usagers), suppression qui pénalise les habitants du secteur de l’Arena et du Croissant et de certains secteurs du Plateau-Mont-Valérien. Dans un premier temps, ça ne coûterait rien à la RATP de faire arrêter le 276 (aux heures où il circule) aux abribus existants à Nanterre-Préf, au bout des Terrasses et devant le Cimetière de Puteaux. Encore faut-il le lui demander…
Il faut que l’on négocie avec la RATP ° quelques modifications de lignes (le 259 pourrait avoir son terminus au dépôt de bus au lieu d’Anatole France pour mieux desservir Rouget de l’Isle et l’éco-quartier Hoche. ° quelques élargissements d’amplitude de la desserte, notamment du 367 pour que le week-end aussi, il desserve Médipôle, Casino et son futur successeur et surtout les habitants des alentours qui n’ont plus le 304 sous la main (en plus d’être beaucoup plus loin de l’entrée de la gare RER et SNCF de Nanterre Université). Dans les années 90, du temps de M. Campos, la Mairie soutenue par l’UL CGT et par notre association, avait obtenu la prolongation en soirée du 159. Et en 2005, c’est le 304 qui avait bénéficié d’une telle amélioration de la desserte.
Il y a sûrement d’autres personnes ou associations qui ont des idées intéressantes à apporter sur les transports. Après les élections, il faudra créer de meilleures structures de concertation pour, notamment, réduire les pollutions atmosphériques et les émissions de gaz à effet de serre.
Pour Naturellement Nanterre, le Président, Jacques Capet